Ce jeudi 8 mars à Athènes et Thessalonique, deux grandes manifestations ont eu lieu au moment où le Parlement votait la loi cadre. A Athènes, 40.000 manifestants étaient dans les rues, 5000 à Thessalonique. La manifestation d’Athènes était considérée comme centrale et a rassemblé des manifestants de toute la Grèce. Celle de Thessalonique était plus locale et a rassemblé des étudiants de la ville même et du nord de la Grèce.
Les professeurs étaient également présents avec les étudiants, professeurs dont le syndicat (POSDEP) est en grève depuis 5 semaines, mais aussi des représentations d’enseignants du primaire et du secondaire, des écoliers, des organisations de parents et de plusieurs secteurs du monde du travail.
Cette marée humaine qui a inondé les rues d’Athènes pendant plus des 6 heures a, une fois de plus, démontré que la lutte contre la loi cadre et la révision de l’article 16 n’est pas dans les mains d’une minorité. « C’est la lutte du peuple entier. Pour une enseignement public, gratuit et de qualité » disait le panneau central de la Coordination Nationale des Etudiants en Lutte.
Toutefois cette preuve massive de désaccord a une fois de plus effrayé le gouvernement qui a ordonné à ses forces de police (en tenue et en civil) de se comporter comme de vrais sauvages. C’est une habitude pour la police d’utiliser la force lors des manifestations : des bombes lacrymogènes, du spray au poivre et du matraquage. Cependant cette fois-ci, elle a fait preuve d’une extrême violence, d’un usage incontrôlé des gaz lacrymogènes, elle a été jusqu’à utiliser du gaz asphyxiant, des bombes à feu (pour la première fois), ainsi qu’à matraquer les passants indistinctement.
La justification de ce comportement était l’action des personnes cagoulées à la tête de la manifestation qui ont jeté des pierres et des « cocktails molotovs ». Toutefois aucun de ceux-là n’ont été arrêtés. La police les a utilisés comme justificatif pour casser la manifestation et pour que la police fasse des arrestations. Au sein du mouvement la question se pose si ces personnes cagoulées sont de la police ou du mouvement ? Et même s’ils font partie du mouvement, peut-on tolérer leurs actions vu ses résultats ?
En tout cas la police anti-émeutes grecque (MAT) et le Ministre de la Justice, B. Polydoras, ont reçu des félicitations de la part du gouvernement pour les 61 arrestations et la réponse « efficace » aux « casseurs ». Il est important de souligner que des 61 arrestations sont le résultat des deux attaques des MAT dans la manifestation. La première à un bloque des étudiants de Crète et la deuxième à un bloque des étudiants de Thessalonique. Les deux n’avaient strictement rien à voir avec les « casseurs » puisqu’ils étaient à la fin du cortège et les « casseurs » surtout à la tête du cortège. De plus les 49 accusations parmi eux ont des motifs ridicules : « perturbation de la paix sociale », « organisation de bande terroriste », « tentative de libération de prisonnier ». Tous sont sortis en ligne droite de l’époque de la dictature de colonels. La loi cadre a été votée. Mais les étudiants, les professeurs, le KKE et le Synaspismos disent clairement « Votre loi ne sera jamais appliquée. Nous vous obligerons à la retirer ». Les occupations continuent, les manifestations contre la loi cadre, la révision de l’article 16 et la répression policière ont lieu tous les jours dans toutes les villes grecques, des blocages de rues et aussi des concerts en soutien à la lutte des étudiants, des nouvelles AG pour continuer la lutte sont organisées...
Tout le monde sent la brise venant de France... ce mouvement peut et veut devenir la version grecque du mouvement anti-CPE.
Entre temps une nouvelle manifestation nationale pour l’enseignement gratuit et public a lieu à Athènes le jeudi 15 mars. Serons-nous les témoins d’une nouvelle attaque sauvage de la part des forces de l’ordre ?
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