Paru sur le site de COMAC
Traduction d’un article paru dans le « Rizospastis » (journal du Parti Communiste Grec) le dimanche 13 Mai 2007
Anastasia Moschovou
Le Président du Parti Communiste du Venezuela parle au « Rizospastis » de la situation actuelle au Venezuela et du Processus Bolivarien À l'occasion de notre récente visite au Venezuela, nous avons eu l'occasion de nous entretenir de manière approfondie avec le président du Parti Communiste de Venezuela, Jeronimo Carrera Damas. Aujourd'hui âgé à 84 ans il se dit lui-même soldat infatigable du parti. Il est entré dans le parti en 1947 et a pris part activement à l'organisation du 1er festival mondial de jeunesse et d'étudiants à Prague, et à la même période il a visité la Grèce du nord et plusieurs pays des Balkans. Ainsi, avec son annotation comme quoi il nourrit des profonds sentiments d'amitié pour les peuples balkaniques, nous avons commencé une longue discussion, une partie dont nous présentons aujourd'hui : Conformément à la longue expérience que le Parti Communiste a du Venezuela, comment apprécie-t-il la situation qu’aujourd'hui s’est développé au pays, neuf ans après la victoire des forces qui soutiennent Chavez ?
Je dirais, et ceci est un avis unanime dans notre Parti, que nous avons une appréciation très positive pour tous ce qui a été fait durant son mandat. Nous offrons un soutien permanent depuis approximativement dix ans. Personnellement, moi je connaissais Hugo Chavez depuis 1997. En 1998, lorsqu'il a communiqué sa candidature, immédiatement notre parti lui a offert son soutien.
Lorsque je parlais avec lui, toujours j'étais circonspect. Et je lui disais «Hugo, n'oublies pas que tu parles avec un communiste». Un jour il m'a demandé pourquoi je lui dis toujours ceci. Et je lui ai dit que «tu ne me feras pas quitter le PC». Je lui ai dit cela parce que je sais qu'il exerce un force d'attraction et, de fait, pousse des nombreux individus à changer avis. C’est ce qu’il essaye de faire maintenant avec notre parti. Il essaye de nous attirer dans un nouveau parti que celui-ci est entrain de fonder (le Parti Socialiste Unique).
Le meilleur soutien est la préservation du PCV
Je vous ai dits ceci pour montrer que, déjà depuis cette époque, je voyais en lui la tendance, l'objectif, de nous attirer pour que nous l’accompagnions. Moi je continue à croire que le meilleur soutien que les communistes vénézuéliens peuvent offrir à Hugo Chavez est dans le maintien et le renforcement de notre parti. Parce qu'en tant que parti, nous pouvons lui donner une garantie, un soutien, qu’aucune autre force politique ne peut offrir
Surtout en ce qui concerne les relations internationales. Le parti communiste du Venezuela est fondé sur l’internationalisme. On est d’ailleurs le seul le parti internationaliste. C’est pour cela que nous avons des relations avec tous les autres PC. Nous n’avons jamais interrompu nos relations avec autres partis. Cette petite salle peut donner une idée de ceci. Ici nous avons Lénine, ici nous avons Ho-Chi Minh et le compagnon Ernest Telman, allemand qui est mort dans les mains des nazis. Nous croyons beaucoup en l’internationalisme, pour nous c’est quelque chose de très fondamentale.
Nos relations avec les partis frères, aide la promotion du soutien à Hugo Chavez et la Révolution Bolivarienne, à l’échelle mondiale. Nous sommes le seul parti politique unique, la seul force politique au Venezuela, qui, publiquement, soutient les FARC de la Colombie. Le gouvernement du Venezuela, c’est logique, faut qu'il soit attentif à ses relations avec le gouvernement de la Colombie. Il ne peut pas faire quelque chose qui deviendra cause d'interruption de ses relations avec la Colombie ou qui mènera dans une position défavorable au sein de l’ONU. À travers le journal nous nous offrons notre solidarité aux FARC. Si le PC n'existe pas, cette solidarité avec les rebelles de la Colombie pratiquement disparaîtra.
Je pense, donc, que c’est très important, que le PC continue la politique qu’il a depuis dix ans, du soutien au président Chavez. Mais ceci reste un soutien indépendant. Nous, nous ne sommes pas un parti de gouvernement. Il y a des compagnons qui ont des responsabilités dans des postes gouvernementaux, ainsi qu'un ministre. Le ministre David Velasquez était, il y a 2-3 ans, un cadre dirigeant de la Jeunesse Communiste, aujourd'hui est ministre. C’est aussi le cas pour d’autres compagnons, qui ont diverses responsabilités.
L'expérience internationale nous enseigne
Nos cadres sont disponibles, pour les fonctions concrètes que le gouvernement a besoin. Le parti considère que ceci est la chose correcte à faire. Mais nous ne pouvons pas disparaître. Du moins ce que l'expérience internationale nous apprend.
Nous nous rappelons du cas de l'Égypte, avec Nasser qui a fondé le Parti de l'Unité Socialiste, dans lequel sont entrés les communistes. Lorsque Nasser est mort et ce parti a disparu. Le PC s’est trouvé seul et dans l’illégalité. Nous avons témoigné la même chose dans d’autres pays.
Le cas de l’Algérie ou l’Ethiopie sont marquants. Dans le dernier cas, ce processus a été très pénible. Lorsque le colonel Mengistu a pris le pouvoir avec un groupe de militaires, il a fondé un parti révolutionnaire auquel se sont intégrés les communistes. Soudainement, ce parti a disparu et les communistes sont passés, ici aussi, à l'illégalité.
En Amérique latine, également, nous avons eu divers cas. C’est dans un situation comme cela que le PC du Mexique a disparu. Maintenant ils le reconstruisent depuis le début. Le PC de la République Dominicaine également. Au Salvador, le PC qui est entré dans le front Farabundo Marti, est aussi en reconstruction.
La seule expérience positive de ce type, a été celle de Cuba. À Cuba, suite à la victoire de la révolution dirigée par Fidel Castro, en 1959, un processus s’est lancé qui, après un certain temps, a conduit à la création d'un nouveau parti, le PC de Cuba qui a remplacé l'ancien PC qui s’appelait Parti Socialiste Populaire. C’est un cas très exceptionnel et qui a abouti ainsi, non seulement parce que Fidel Castro a évolué vers la théorie communiste, mais aussi parce que tous les chefs de Sierra Maestra ont fait la même chose. Il est très difficile de croire que cela peut se reproduire.
Dans tous les cas nous n’avons pas des preuves de cette tendance pour le Venezuela. Dans le cas que Hugo Chavez évolue positivement vers le marxisme – léninisme, parfait. Mais ses compagnons ? Ceci est un sujet de grande importance.
Comme sûrement vous aurez observé, parce que vous êtes ici quelques jours, il est souvent question du socialisme, mais non avec des termes exacts. On dit, par exemple, que Jésus-Christ était socialiste. Nous, nous ne pouvons pas lui dire ceci.
Dans le socialisme, le travail est une condition fondamentale
Les gens au Venezuela parlent de plus en plus du socialisme. Quel est le socialisme, dont les travailleurs ont besoin ?
Nous croyons toujours et nous continuons à croire aux principes fondamentaux du marxisme – léninisme. Donc nous croyons que la révolution dont nous avons besoin est la révolution des travailleurs. Celle-ci ne peut se produire qu’avec la classe ouvrière à sa tête. D’autres couches de population et de groupes sociaux peuvent s’unir, mais la classe ouvrière doit en être l'épicentre. En Amérique latine, nous avons vécu une croissance évidente de la classe ouvrière, qui a commencé des besoins industriels locaux qui se sont généralisés durant la Deuxième Guerre Mondiale à cause de la pénurie des produits européens, du manque des transports maritimes et des USA qui ont consacré toute l'industrie à l’armement. Ainsi, dans tous ces pays, des petites industries sont nées, du Mexique jusqu'en l'Argentine. Conformément au keynésianisme, qui régnait après la Guerre, cette industrie a continué à exister.
Mais 1980 a été marqué par un changement de la stratégie de l'impérialisme mondial. Lorsque les Conservateurs ont pris le pouvoir en Angleterre, avec Margaret Thatcher et l'année d’après les Républicain prennent la présidence aux USA avec Ronald Reagan, un changement total de la pensée économique de l'impérialisme est survenu. Il passe de l’application des politiques keynésienne, qui étaient appliquées pendant des décennies, à l’application des politiques néolibérales qui changeront tout à fait la situation économique et politique dans nos pays. Ces politiques signifient un frein à l’industrialisation. Du Mexique jusqu'en l'Argentine prend place une diminution de l'industrie, une forte augmentation du chômage et l’apparition de l'économie parallèle. Fait surface, également, une grande masse de personnes qui agissent hors la loi, dont le travail est le vol, les combines, la vente de drogues, la prostitution …
Le mouvement syndical se trouve à récession dans ce continent. Et au Venezuela, on peut dire qu’il n'existe presque pas de mouvement syndical. Ce qui existe, ce sont des outils mais qui sont très petits. Il y a 30-40 années, nous avions un mouvement syndical fort. Mais il a disparu.
Ainsi, nous nous demandions : Est-ce possible d’arriver à travers notre processus au socialisme avec une société dont la caractéristique principale est le chômage ? Où classe ouvrière diminue, en chiffres et qualitativement ? Moi je soutiens que ceci n’est pas possible. C’est pour cela que je suis entré en confrontation publique, même avec le président. Cela ne lui plaît pas au président. Mais celle-ci est la vérité.
Le capitalisme en crise est reflété dans ces pays où se limite la croissance industrielle. Où au même instant il y a une augmentation démographique très forte. L'explosion démographique est exprimée au Venezuela par le fait qu’aujourd'hui nous avons dix fois la population que nous avions au début du 20ème siècle. Maintenant, comment peut-on manier tout ce monde ? Nous avons cessé d'être un pays rural. Parce que le pétrole a changé l'économie du Venezuela. Et la population rurale est venue dans les villes.
La situation économique de la population
Le président Chavez annonce de nombreux projets pour le retour à la campagne. Mais personne ne veut retourner à la campagne. La population qui est entrée dans les villes ne veut pas partir, même s'elle vit dans des conditions de pauvreté, comme vous avez vu ici à Caracas. Plus de la moitié de la population à Caracas habite dans des maisons très primitives. Pire que ce qu’elle avait à la campagne. La seule différence est qu'ici il y a de l'électricité dans les maisons. Et ils ne la payent pas. Ils sont liés aux services de courant électrique illégalement. Le gouvernement le sait, mais ne peut rien faire pour les empêcher. Dans ces maisons, ils ont la télévision. Et le monde regarde la télévision, mais ce qu’ils regardent est plein de crime, incorporation au système. Même la télévision de l'Etat est de bas niveau.
Ceux-ci sont les choses que je dis, parce que, en tant que révolutionnaire, en tant que communiste, je parle ainsi toute ma vie et je ne peux pas arrêter de parler ainsi, parce que maintenant nous soutenons le président Chavez.
Je considère le président Chavez comme un ami personnel. Mais je crois que le meilleur soutien que nous pouvons lui offrir c’est le faire remarquer ces problèmes, parler de ceux-ci. Nous devons insister qu’un changement de la politique de l'Etat en questions économiques est nécessaire. L’économie vénézuélienne reste fortement figée sur le cadre des qualités chrétiennes. A savoir, elle est fondé sur l'offre d'aide aux pauvres. C’est pour cela qu’il est souvent question du socialisme chrétien. Cependant ce que dit l'église catholique, donnez de la nourriture à ceux qui ont faim, donnez que à boire à ceux qui ont soif, visitez les malades, c'est-à-dire un contenu qui est dans une grande mesure fondé sur la solidarité humaine, mais qui ne résout pas les problèmes.
Nous disons non, à cette position. Ce qu'il faut faire, c’est mettre la population au travail. Il faut que des postes de travail soient créés. Que l'industrie soit développée. Le Venezuela a de grandes possibilités industrielles et, si nous développons cette industrie, la population travaillera et elle recevra, un salaire concret, suffisant et stable. Leur permettant d'augmenter leur niveau de vie eux-mêmes. La charité n’est pas nécessaire.
Le socialisme n'offre rien. Le socialisme est le droit que acquiert le travailleur avec son effort. En bas âge, l’Etat lui donne l'éducation, le prépare à offrir à la société. Lorsqu'il arrive à un âge spécifique, il commence à travailler et rendre à la société ce que celle-ci lui avait donné plus tôt. Ensuite, lorsqu'il arrive à un âge, il se retire, il reçoit encore une aide ou une pension, qui lui permet de vivre avec dignité, non pas parce que c’est offert, mais parce qu’il a déjà travaillé.
Avec son travail, l'État, grâce à l'établissement de la Sécurité Sociale, garde une partie de son salaire pour qu'il puisse lui donner sa pension. La santé, l’enseignement, les services sociaux ne sont pas gratuits au socialisme. Ceux-ci sont fournis aux gens par leur travail. Cette version du socialisme est très différente du socialisme chrétien. Notre socialisme, est fondé sur le matérialisme dialectique. Il n'a rien à voir avec la religion ou avec une mythologie quelconque. Par conséquent il y a une grande différence avec le socialisme qui est aujourd'hui est proposé au Venezuela.
Je pense que nous sommes à une phase très importante, qui est la confrontation avec l'impérialisme. Plus concrètement, avec les impérialistes américains. Il existe aussi les impérialistes anglais et américains mais avec ceux-ci la confrontation est beaucoup plus petite. La véritable force concurrente pour nous sont les impérialistes américains, les monopoles des USA.
Il faut que nous brisions notre dépendance de ces monopoles. Il faut que nous créions une autre économie. Nous avons une économie pétrolière qui dépend de ceux-ci. C’est très difficile de briser cette dépendance. Parce que le Venezuela consomme très peu de pétrole. Notre propre pétrole est pour l'exportation et cette exportation va au marché qui est contrôlé par les américains.
Si nous pouvions conquérir véritablement une indépendance complète, briser la souveraineté des impérialistes, si nous pouvions arriver à un instant donné où nous aurons une classe ouvrière suffisamment préparé, alors oui, a ce moment nous parlerions sérieusement de socialisme.
Mais, a mon avis, la discussion du socialisme aujourd’hui, n'est pas mûre. D'abord nous devons reprendre le contrôle de la vie économique du pays, ce que nous n’avons pas fait encore. Nous continuons à être dépendant en ce qui concerne nos exportations, qui concernent principalement le pétrole… mais nous sommes aussi dépendant en ce qui concerne les importations. Même une partie importante de produits de consommation quotidienne, comme pour l'alimentation, nous les importons. Comment parler de socialisme, dans ces conditions ?
Au sujet de la discussion dans le pays sur le développement du processus Bolivarien. Quels sont les propositions des communistes?
Je vous ai déjà dit que si certains compagnons croient qu'ils peuvent offrir plus là, ils ont la liberté de le faire.
Nous renforçons le travail idéologique. Le parti a créé l'institut Bolivar-Marx, qui est un institut ouvert à tous ceux qui veulent étudier. Il a ce nom, parce que depuis plusieurs années il y a l'idée de faire une combinaison de la pensée de Bolivar qui vient aux débuts du 19ème siècle, c'est-à-dire avant Marx, et du marxisme, qui vient certaines années après. Selon cette idée nous avons besoin de deux conditions de base pour pouvoir porter à terme ce but :
Premièrement, l'application la complexité, nous vivons dans un monde complexe. Ceci signifie que notre pays doit avoir des relations librement avec des pays d'autres continents, et non seulement d’Europe, mais aussi de l'Afrique et de l'Asie. L'Asie devient de plus en plus importante. Le président Chavez a fait, en pratique, une grande ouverture aux pays asiatiques, non seulement en Chine, mais aussi au Japon, en Corée, au Viêt-nam, l’Inde, et avec des pays africains. Cette politique de complexité a un grand succès et continuera.
Deuxièmement, la souveraineté nationale. Celle-ci est fondée sur la pensée bolivarienne. Concrètement c’est l'idée de l'union des peuples latino américains en une grande confédération. L'idée de Bolivar ressemble beaucoup à ce que a appliqué Lénine après la Révolution d’Octobre, avec l'union des différents états en un seul pays, l'URSS.
Pendant des nombreuses années il était question des révolutions de libération, ceci n'est plus possible. Aujourd'hui, une révolution de libération doit monter d’échelle. C’est pour cela que nous croyons qu'il faut qu'elle soit une révolution bolivarienne. Bolivar, également a appliqué cette idée, comme quoi la révolution viendrait de Mexique, en passant par ces toutes des pays, jusqu'au sud, jusqu'à la Patagonie. Ainsi, seulement si tous les peuples brisent, simultanément, la domination impérialiste des USA. Si nous le faisons séparément, nous échouerons. En Amérique latine de nombreux échecs ont existé, l'échec de Farabundo Marti au Salvador, de Sandino au Nicaragua, d’Allende.
Le cas unique, très exceptionnel, était celle de Cuba. Mais Cuba a survécu grâce au soutien de l'Union Soviétique. Sans le soutien soviétique, la révolution cubaine serait encore une révolution petite bourgeoises, qui après un temps constitueraient encore une couche de l’élite économique, comme cela a était le cas avec la grande révolution mexicaine de 1911, ou comme des nombreuses révolutions dans le monde. Ici nous croyons qu'il faut que soit développé un mouvement en général, simultanément, des divers peuples, pour qu'ait succès la révolution.
Conformément à la longue expérience que le Parti Communiste a du Venezuela, comment apprécie-t-il la situation qu’aujourd'hui s’est développé au pays, neuf ans après la victoire des forces qui soutiennent Chavez ?
Je dirais, et ceci est un avis unanime dans notre Parti, que nous avons une appréciation très positive pour tous ce qui a été fait durant son mandat. Nous offrons un soutien permanent depuis approximativement dix ans. Personnellement, moi je connaissais Hugo Chavez depuis 1997. En 1998, lorsqu'il a communiqué sa candidature, immédiatement notre parti lui a offert son soutien.
Lorsque je parlais avec lui, toujours j'étais circonspect. Et je lui disais «Hugo, n'oublies pas que tu parles avec un communiste». Un jour il m'a demandé pourquoi je lui dis toujours ceci. Et je lui ai dit que «tu ne me feras pas quitter le PC». Je lui ai dit cela parce que je sais qu'il exerce un force d'attraction et, de fait, pousse des nombreux individus à changer avis. C’est ce qu’il essaye de faire maintenant avec notre parti. Il essaye de nous attirer dans un nouveau parti que celui-ci est entrain de fonder (le Parti Socialiste Unique).
Le meilleur soutien est la préservation du PCV
Je vous ai dits ceci pour montrer que, déjà depuis cette époque, je voyais en lui la tendance, l'objectif, de nous attirer pour que nous l’accompagnions. Moi je continue à croire que le meilleur soutien que les communistes vénézuéliens peuvent offrir à Hugo Chavez est dans le maintien et le renforcement de notre parti. Parce qu'en tant que parti, nous pouvons lui donner une garantie, un soutien, qu’aucune autre force politique ne peut offrir
Surtout en ce qui concerne les relations internationales. Le parti communiste du Venezuela est fondé sur l’internationalisme. On est d’ailleurs le seul le parti internationaliste. C’est pour cela que nous avons des relations avec tous les autres PC. Nous n’avons jamais interrompu nos relations avec autres partis. Cette petite salle peut donner une idée de ceci. Ici nous avons Lénine, ici nous avons Ho-Chi Minh et le compagnon Ernest Telman, allemand qui est mort dans les mains des nazis. Nous croyons beaucoup en l’internationalisme, pour nous c’est quelque chose de très fondamentale.
Nos relations avec les partis frères, aide la promotion du soutien à Hugo Chavez et la Révolution Bolivarienne, à l’échelle mondiale. Nous sommes le seul parti politique unique, la seul force politique au Venezuela, qui, publiquement, soutient les FARC de la Colombie. Le gouvernement du Venezuela, c’est logique, faut qu'il soit attentif à ses relations avec le gouvernement de la Colombie. Il ne peut pas faire quelque chose qui deviendra cause d'interruption de ses relations avec la Colombie ou qui mènera dans une position défavorable au sein de l’ONU. À travers le journal nous nous offrons notre solidarité aux FARC. Si le PC n'existe pas, cette solidarité avec les rebelles de la Colombie pratiquement disparaîtra.
Je pense, donc, que c’est très important, que le PC continue la politique qu’il a depuis dix ans, du soutien au président Chavez. Mais ceci reste un soutien indépendant. Nous, nous ne sommes pas un parti de gouvernement. Il y a des compagnons qui ont des responsabilités dans des postes gouvernementaux, ainsi qu'un ministre. Le ministre David Velasquez était, il y a 2-3 ans, un cadre dirigeant de la Jeunesse Communiste, aujourd'hui est ministre. C’est aussi le cas pour d’autres compagnons, qui ont diverses responsabilités.
L'expérience internationale nous enseigne
Nos cadres sont disponibles, pour les fonctions concrètes que le gouvernement a besoin. Le parti considère que ceci est la chose correcte à faire. Mais nous ne pouvons pas disparaître. Du moins ce que l'expérience internationale nous apprend.
Nous nous rappelons du cas de l'Égypte, avec Nasser qui a fondé le Parti de l'Unité Socialiste, dans lequel sont entrés les communistes. Lorsque Nasser est mort et ce parti a disparu. Le PC s’est trouvé seul et dans l’illégalité. Nous avons témoigné la même chose dans d’autres pays.
Le cas de l’Algérie ou l’Ethiopie sont marquants. Dans le dernier cas, ce processus a été très pénible. Lorsque le colonel Mengistu a pris le pouvoir avec un groupe de militaires, il a fondé un parti révolutionnaire auquel se sont intégrés les communistes. Soudainement, ce parti a disparu et les communistes sont passés, ici aussi, à l'illégalité.
En Amérique latine, également, nous avons eu divers cas. C’est dans un situation comme cela que le PC du Mexique a disparu. Maintenant ils le reconstruisent depuis le début. Le PC de la République Dominicaine également. Au Salvador, le PC qui est entré dans le front Farabundo Marti, est aussi en reconstruction.
La seule expérience positive de ce type, a été celle de Cuba. À Cuba, suite à la victoire de la révolution dirigée par Fidel Castro, en 1959, un processus s’est lancé qui, après un certain temps, a conduit à la création d'un nouveau parti, le PC de Cuba qui a remplacé l'ancien PC qui s’appelait Parti Socialiste Populaire. C’est un cas très exceptionnel et qui a abouti ainsi, non seulement parce que Fidel Castro a évolué vers la théorie communiste, mais aussi parce que tous les chefs de Sierra Maestra ont fait la même chose. Il est très difficile de croire que cela peut se reproduire.
Dans tous les cas nous n’avons pas des preuves de cette tendance pour le Venezuela. Dans le cas que Hugo Chavez évolue positivement vers le marxisme – léninisme, parfait. Mais ses compagnons ? Ceci est un sujet de grande importance.
Comme sûrement vous aurez observé, parce que vous êtes ici quelques jours, il est souvent question du socialisme, mais non avec des termes exacts. On dit, par exemple, que Jésus-Christ était socialiste. Nous, nous ne pouvons pas lui dire ceci.
Dans le socialisme, le travail est une condition fondamentale
Les gens au Venezuela parlent de plus en plus du socialisme. Quel est le socialisme, dont les travailleurs ont besoin ?
Nous croyons toujours et nous continuons à croire aux principes fondamentaux du marxisme – léninisme. Donc nous croyons que la révolution dont nous avons besoin est la révolution des travailleurs. Celle-ci ne peut se produire qu’avec la classe ouvrière à sa tête. D’autres couches de population et de groupes sociaux peuvent s’unir, mais la classe ouvrière doit en être l'épicentre. En Amérique latine, nous avons vécu une croissance évidente de la classe ouvrière, qui a commencé des besoins industriels locaux qui se sont généralisés durant la Deuxième Guerre Mondiale à cause de la pénurie des produits européens, du manque des transports maritimes et des USA qui ont consacré toute l'industrie à l’armement. Ainsi, dans tous ces pays, des petites industries sont nées, du Mexique jusqu'en l'Argentine. Conformément au keynésianisme, qui régnait après la Guerre, cette industrie a continué à exister.
Mais 1980 a été marqué par un changement de la stratégie de l'impérialisme mondial. Lorsque les Conservateurs ont pris le pouvoir en Angleterre, avec Margaret Thatcher et l'année d’après les Républicain prennent la présidence aux USA avec Ronald Reagan, un changement total de la pensée économique de l'impérialisme est survenu. Il passe de l’application des politiques keynésienne, qui étaient appliquées pendant des décennies, à l’application des politiques néolibérales qui changeront tout à fait la situation économique et politique dans nos pays. Ces politiques signifient un frein à l’industrialisation. Du Mexique jusqu'en l'Argentine prend place une diminution de l'industrie, une forte augmentation du chômage et l’apparition de l'économie parallèle. Fait surface, également, une grande masse de personnes qui agissent hors la loi, dont le travail est le vol, les combines, la vente de drogues, la prostitution …
Le mouvement syndical se trouve à récession dans ce continent. Et au Venezuela, on peut dire qu’il n'existe presque pas de mouvement syndical. Ce qui existe, ce sont des outils mais qui sont très petits. Il y a 30-40 années, nous avions un mouvement syndical fort. Mais il a disparu.
Ainsi, nous nous demandions : Est-ce possible d’arriver à travers notre processus au socialisme avec une société dont la caractéristique principale est le chômage ? Où classe ouvrière diminue, en chiffres et qualitativement ? Moi je soutiens que ceci n’est pas possible. C’est pour cela que je suis entré en confrontation publique, même avec le président. Cela ne lui plaît pas au président. Mais celle-ci est la vérité.
Le capitalisme en crise est reflété dans ces pays où se limite la croissance industrielle. Où au même instant il y a une augmentation démographique très forte. L'explosion démographique est exprimée au Venezuela par le fait qu’aujourd'hui nous avons dix fois la population que nous avions au début du 20ème siècle. Maintenant, comment peut-on manier tout ce monde ? Nous avons cessé d'être un pays rural. Parce que le pétrole a changé l'économie du Venezuela. Et la population rurale est venue dans les villes.
La situation économique de la population
Le président Chavez annonce de nombreux projets pour le retour à la campagne. Mais personne ne veut retourner à la campagne. La population qui est entrée dans les villes ne veut pas partir, même s'elle vit dans des conditions de pauvreté, comme vous avez vu ici à Caracas. Plus de la moitié de la population à Caracas habite dans des maisons très primitives. Pire que ce qu’elle avait à la campagne. La seule différence est qu'ici il y a de l'électricité dans les maisons. Et ils ne la payent pas. Ils sont liés aux services de courant électrique illégalement. Le gouvernement le sait, mais ne peut rien faire pour les empêcher. Dans ces maisons, ils ont la télévision. Et le monde regarde la télévision, mais ce qu’ils regardent est plein de crime, incorporation au système. Même la télévision de l'Etat est de bas niveau.
Ceux-ci sont les choses que je dis, parce que, en tant que révolutionnaire, en tant que communiste, je parle ainsi toute ma vie et je ne peux pas arrêter de parler ainsi, parce que maintenant nous soutenons le président Chavez.
Je considère le président Chavez comme un ami personnel. Mais je crois que le meilleur soutien que nous pouvons lui offrir c’est le faire remarquer ces problèmes, parler de ceux-ci. Nous devons insister qu’un changement de la politique de l'Etat en questions économiques est nécessaire. L’économie vénézuélienne reste fortement figée sur le cadre des qualités chrétiennes. A savoir, elle est fondé sur l'offre d'aide aux pauvres. C’est pour cela qu’il est souvent question du socialisme chrétien. Cependant ce que dit l'église catholique, donnez de la nourriture à ceux qui ont faim, donnez que à boire à ceux qui ont soif, visitez les malades, c'est-à-dire un contenu qui est dans une grande mesure fondé sur la solidarité humaine, mais qui ne résout pas les problèmes.
Nous disons non, à cette position. Ce qu'il faut faire, c’est mettre la population au travail. Il faut que des postes de travail soient créés. Que l'industrie soit développée. Le Venezuela a de grandes possibilités industrielles et, si nous développons cette industrie, la population travaillera et elle recevra, un salaire concret, suffisant et stable. Leur permettant d'augmenter leur niveau de vie eux-mêmes. La charité n’est pas nécessaire.
Le socialisme n'offre rien. Le socialisme est le droit que acquiert le travailleur avec son effort. En bas âge, l’Etat lui donne l'éducation, le prépare à offrir à la société. Lorsqu'il arrive à un âge spécifique, il commence à travailler et rendre à la société ce que celle-ci lui avait donné plus tôt. Ensuite, lorsqu'il arrive à un âge, il se retire, il reçoit encore une aide ou une pension, qui lui permet de vivre avec dignité, non pas parce que c’est offert, mais parce qu’il a déjà travaillé.
Avec son travail, l'État, grâce à l'établissement de la Sécurité Sociale, garde une partie de son salaire pour qu'il puisse lui donner sa pension. La santé, l’enseignement, les services sociaux ne sont pas gratuits au socialisme. Ceux-ci sont fournis aux gens par leur travail. Cette version du socialisme est très différente du socialisme chrétien. Notre socialisme, est fondé sur le matérialisme dialectique. Il n'a rien à voir avec la religion ou avec une mythologie quelconque. Par conséquent il y a une grande différence avec le socialisme qui est aujourd'hui est proposé au Venezuela.
Je pense que nous sommes à une phase très importante, qui est la confrontation avec l'impérialisme. Plus concrètement, avec les impérialistes américains. Il existe aussi les impérialistes anglais et américains mais avec ceux-ci la confrontation est beaucoup plus petite. La véritable force concurrente pour nous sont les impérialistes américains, les monopoles des USA.
Il faut que nous brisions notre dépendance de ces monopoles. Il faut que nous créions une autre économie. Nous avons une économie pétrolière qui dépend de ceux-ci. C’est très difficile de briser cette dépendance. Parce que le Venezuela consomme très peu de pétrole. Notre propre pétrole est pour l'exportation et cette exportation va au marché qui est contrôlé par les américains.
Si nous pouvions conquérir véritablement une indépendance complète, briser la souveraineté des impérialistes, si nous pouvions arriver à un instant donné où nous aurons une classe ouvrière suffisamment préparé, alors oui, a ce moment nous parlerions sérieusement de socialisme.
Mais, a mon avis, la discussion du socialisme aujourd’hui, n'est pas mûre. D'abord nous devons reprendre le contrôle de la vie économique du pays, ce que nous n’avons pas fait encore. Nous continuons à être dépendant en ce qui concerne nos exportations, qui concernent principalement le pétrole… mais nous sommes aussi dépendant en ce qui concerne les importations. Même une partie importante de produits de consommation quotidienne, comme pour l'alimentation, nous les importons. Comment parler de socialisme, dans ces conditions ?
Au sujet de la discussion dans le pays sur le développement du processus Bolivarien. Quels sont les propositions des communistes?
Je vous ai déjà dit que si certains compagnons croient qu'ils peuvent offrir plus là, ils ont la liberté de le faire.
Nous renforçons le travail idéologique. Le parti a créé l'institut Bolivar-Marx, qui est un institut ouvert à tous ceux qui veulent étudier. Il a ce nom, parce que depuis plusieurs années il y a l'idée de faire une combinaison de la pensée de Bolivar qui vient aux débuts du 19ème siècle, c'est-à-dire avant Marx, et du marxisme, qui vient certaines années après. Selon cette idée nous avons besoin de deux conditions de base pour pouvoir porter à terme ce but :
Premièrement, l'application la complexité, nous vivons dans un monde complexe. Ceci signifie que notre pays doit avoir des relations librement avec des pays d'autres continents, et non seulement d’Europe, mais aussi de l'Afrique et de l'Asie. L'Asie devient de plus en plus importante. Le président Chavez a fait, en pratique, une grande ouverture aux pays asiatiques, non seulement en Chine, mais aussi au Japon, en Corée, au Viêt-nam, l’Inde, et avec des pays africains. Cette politique de complexité a un grand succès et continuera.
Deuxièmement, la souveraineté nationale. Celle-ci est fondée sur la pensée bolivarienne. Concrètement c’est l'idée de l'union des peuples latino américains en une grande confédération. L'idée de Bolivar ressemble beaucoup à ce que a appliqué Lénine après la Révolution d’Octobre, avec l'union des différents états en un seul pays, l'URSS.
Pendant des nombreuses années il était question des révolutions de libération, ceci n'est plus possible. Aujourd'hui, une révolution de libération doit monter d’échelle. C’est pour cela que nous croyons qu'il faut qu'elle soit une révolution bolivarienne. Bolivar, également a appliqué cette idée, comme quoi la révolution viendrait de Mexique, en passant par ces toutes des pays, jusqu'au sud, jusqu'à la Patagonie. Ainsi, seulement si tous les peuples brisent, simultanément, la domination impérialiste des USA. Si nous le faisons séparément, nous échouerons. En Amérique latine de nombreux échecs ont existé, l'échec de Farabundo Marti au Salvador, de Sandino au Nicaragua, d’Allende.
Le cas unique, très exceptionnel, était celle de Cuba. Mais Cuba a survécu grâce au soutien de l'Union Soviétique. Sans le soutien soviétique, la révolution cubaine serait encore une révolution petite bourgeoises, qui après un temps constitueraient encore une couche de l’élite économique, comme cela a était le cas avec la grande révolution mexicaine de 1911, ou comme des nombreuses révolutions dans le monde. Ici nous croyons qu'il faut que soit développé un mouvement en général, simultanément, des divers peuples, pour qu'ait succès la révolution.