Saturday, December 27, 2008

Grèce :: Les racines de la colère

Paru dans l'hebdomadaire "Solidaire"


La mort d’Alexandros a été la goutte qui a fait déborder le vase. Mais de quoi est rempli le vase ? Les travailleurs et les jeunes sont les témoins de l’irresponsabilité des partis qui ont gouverné depuis vingt ans.

Aris Oikonomou

Répression de l’État. Meurtre de trois jeunes immigrés par la police. Attaques incessantes des manifestations d’étudiants par la police anti-émeutes (MAT) qui font preuve d’une brutalité particulière. Les attaques des MAT et de l’armée contre les piquets de grève des dockers et des travailleurs dans diverses usines...

Partis au pouvoir. Du côté de la politique, les Grecs « en ont vu de toutes les couleurs » : La droite au gouvernement, la Nouvelle Démocratie, veut clairement suivre l’œuvre commencée par le parti socialiste (PASOK) auparavant. Ainsi ils ont approfondi le définancement de tous les services public.

Enseignement démantelé.
Ils ont commencé par le démontage du système d’enseignement grec, notamment l’enseignement supérieur et la manière d’y accéder comme la révision de l’Article 16 de la Constitution pour autoriser les établissements privés pour les élites. La Constitution interdisait la création de tels établissements supérieurs privés et déclare la gratuité totale de l’enseignement. Ce qui a entraîné une vague de lutte étudiante sans précédent depuis la fin de la dictature en 1974.

Pensions. Le gouvernement a continué avec la privatisation du système des pensions entamé par le PASOK. Ces entreprises privées ont spéculé avec l’argent des travailleurs. Cette réforme a aussi été votée malgré les grèves massives et les occupations des entreprises et usines.

Olympic Airways. Il y a eu la privatisation de la ligne aérienne nationale, Olympic Airways, par manque de fonds publics. Toutefois ceci a coïncidé avec le vote au parlement du plan de sauvetage économique de 26 milliards d’euros pour les grands entreprises.

Corruption. Ces deux dernières années, la Grèce a connu une multiplication des cas touchant plusieurs parlementaires, des membres du gouvernements, des journalistes, des grandes entreprises (Siemens) et des membres de l’Église orthodoxe. Selon un syndicaliste du PAME « ce n’est pas parce que la Grèce est une république bananière mais surtout parce que les deux partis politiques (les socialistes et la droite) ont dirigé le pays d’une manière irresponsable ».

Crise économique. La Grèce aujourd’hui a les mêmes prix que la Belgique. Un jeune diplômé ne gagne pas plus que 700 € et après dix ans d’expérience, il peut atteindre les 1 100 €. Un Grec sur cinq vit en-dessous du seuil de pauvreté. Les Grecs travaillent en moyenne 10 à 12 heures par jour alors que le chômage oscille autour des 10 % et presque le triple pour les jeunes entre 20 et 25 ans.

La mort du jeune Alexandros tué par la police a révélé que les partis, l’Etat et les intérêts qu’ils défendent n’ont aucune limite. Alexandros venait d’un milieu social très aisé, habitait dans un quartier très aisé, avait de bons résultats à l’école. Si en enfant comme Alexandros peut être abattu par la police, personne n’est à l’abri. La réaction de la population grecque résulte de l’indignation envers des partis majoritaires en Grèce qui ne veulent pas le bien être de la population mais leur bien être et celui des classes qu’ils représentent…

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